Photos et texte de Taavi Rutishauser
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Je me suis rendu en auto jusqu’à Rivière-au-Tonnerre, 125km au nord de Sept-Îles, où j’allais embarquer à bord de l’Express Anticosti, direction : la fabuleuse île d’Anticosti. J’ai fait affaire avec Voyages Coste (Coopérative de Solidarité en tourisme équitable) qui opère ce bateau.
Quand on va à Anticosti, on est à la merci de la météo, et ce, peu importe par quel moyen on s’y rend (petits bateau, gros Bella Desgagné de Relais Nordik ou même avion). Et c’est ce que j’ai vécu à mon arrivée à Rivière-au-Tonnerre, où on m’a appris que, en raison des vents forts et des grosses vagues, la traversée serait reportée du lundi au mercredi. J’ai donc profité de ce changement d’horaire pour explorer les alentours de la Rivière-au-Tonnerre. Grâce aux conseils judicieux des locaux et de Voyages Coste, j’ai pu m’organiser pour faire du camping sauvage au bord de la mer et explorer le territoire en fatbike
Mercredi, 6h AM, embarquement à bord de l’Express Anticosti! +/-3h plus tard, on arrive à Port-Menier sous la pluie. Je commence par un arrêt au bureau d’informations touristiques, qui est responsable du camping municipal situé sur le terrain du Château Menier (ou plutôt des ruines de ce dernier). Les gens de Port-Menier sont si gentils et aidants; du personnel du bureau d’info aux résidents que j’ai rencontrés. J’ai pu faire le plein de conseils, de documentation et même d’invitations! On me dit que le couple de cyclotouristes Pierre Bouchard et Janick Lemieux est encore ici, puisque leur bateau, le Bella Desgagné, a malheureusement une trentaine d’heures de retard. Ils sont justement au camping, alors je passe les saluer, le temps de prendre un café en jasant de leur séjour à Anticosti. Ils me parlent d’une troupe de scouts qui cherchait quelqu’un pour partager leurs 2 pickups de la Sépaq. Pierre et Janick me suggèrent fortement d’en profiter pour avoir un lift afin de sauver une partie de la Trans-Anticostienne, et du lourd transport forestier. Dès les arrangements complétés, à la grande joie des scouts, on se donne rendez-vous le lendemain matin pour le départ vers la Sépaq. En attendant, je pars explorer à vélo la Pointe de l’Ouest et son bateau échoué, Le Calou.
Donc, départ de Port-Menier direction le secteur Sépaq et le Parc National d’Anticosti! Je mets le Panorama Chic-Chocs dans la boîte du pickup et on prend la route! En entrant dans la Sépaq, je me fais déposer avec mon vélo et laisse mes scouts continuer leur chemin. Je roule sur la Trans-Anticostienne jusqu’au pavillon de la Sépaq à Macdonald, avec quelque détours en chemin pour explorer des sentiers et attraits.
En ce qui concerne le camping dans la Sépaq, j’ai suivi les conseils de Pierre et Janick, et payé toutes mes nuits à l’avance auprès de la Sépaq de Port-Menier, en prenant soin de leur donner mon itinéraire prévu. Le camping sauvage n’étant pas permis, je désire respecter ce règlement, et ainsi démontrer le sérieux du potentiel du bikepacking avec la Sépaq.
Je n’étais pas venu pour rouler la Trans-Anticostienne et bouffer des km, mais plutôt pour sortir des routes et explorer là où les cyclistes ne vont pas. Trouver des sentiers et des plages et voir des coins moins fréquentés.
Ceci étant dit, un de mes objectifs en venant ici était de descendre, jusqu’à la chute de la Vauréal via le canyon. En route vers la Vauréal, je suis allé aussi dans le canyon de l’Observation et le sentier des falaises le longeant. L’itinéraire s’est poursuivi vers le canyon de la Vauréal avec un début très rocailleux. Étant sur un fatbike équipé de pneus 5po à 10lbs de pression et chargé de 65lbs de matériel, j’ai été vraiment impressionné de tout ce que j’ai pu franchir comme terrain jusqu’à la base de la chute! J’estime avoir dû marcher seulement 25% du trajet dans un sentier extrêmement rocailleux et difficile.
Je cherche encore les mots pour décrire le spectacle m’entourant, les photos ne rendant pas justice à la beauté d’Anticosti. Faut y être…Cette journée à la Vauréal aura été ma plus grosse et plus éprouvante du voyage, avec 90km en plus des 2 canyons (10km).
Après 2 jours de pluie, le mental vidé, je décide de retourner explorer la pointe ouest : le secteur des résidents. Ayant fait parvenir ma réservation au restaurant du Pavillon Macdonald via un couple de touristes qui étaient passés au camping Wilcox où j’étais, et qui séjournaient à Macdonald, je suis parti du camping sous la pluie. Le déjeuner copieux du restaurant m’a tellement fait du bien après 6 jours de nourriture lyophilisée!
Comme je repartais, le couple qui avait donné ma réservation et qui avait déjeuné en même temps que moi, change leurs plans de la journée et m’offre de m’emmener vers Port-Menier, un bon 105km à rouler dans un déluge. Complètement vidé physiquement et mentalement je ne peux pas passer à côté de l’occasion et j’accepte avec plaisir. Ils n’ont jamais voulu de mon argent… j’étais fort touché de leur bonté!
Et j’ai bien fait de changer de plans pour retourner vers l’ouest, puisque c’est durant cette deuxième semaine que j’ai trouvé tout ce que je cherchais en venant à Anticosti. J’ai trippé comme un enfant! En plus, je me suis mélangé aux locaux, fait de superbes rencontres, pu manger quelques fois chez Mario, le seul resto de Port-Menier avec l’auberge Sépaq, et avoir accès à la Coop d’alimentation pour refaire le plein de vraie bouffe.
J’ai cumulé un 25km de l’Anse aux Fraises jusqu’à Port-Menier via la grève et plusieurs baies, à marée basse, et tout un marécage dans la dernière baie. 25km qui aura pris 5-6 heures et qui m’a remis le sourire sur le visage! Les jours suivants j’explore à gauche et à droite, pour ensuite raccorder le tout avec une ride de 65km la dernière journée de vélo. Tout le secteur dit “des résidents”, la pointe ouest de l’île, aura été mon meilleur souvenir du voyage. Tellement de terrains à explorer pour du bikepacking, avec un choix de camping sauvage n’importe où, ou alors du camping à Port-Menier ou à l’Auberge de la Pointe de l’ouest (camping rustique, mais accès aux douches et toilettes)…bref il y en a pour tous les goûts et durées de voyages!! Et ayant un intérêt marqué pour l’histoire, j’ai été servi à volonté dans ce secteur de l’île avec toute l’histoire d’Henri Menier et les premiers habitants ayant vécu à cet endroit.
J’ai fini les 2 dernières journées au gîte du Copaco, superbe gîte où j’ai pu laver mon vélo à pression, avant de reprendre le bateau sur une mer très calme, accompagné par les baleines jusqu’à Rivière-au-Tonnerre, où m’attendait mon auto.
Retour à Anticosti l’an prochain mêmes dates, mais avec des partenaires cette fois-ci!