
Petite boucle, grandes leçons : une aventure bikepacking locale
Une aventure simple et pleine d'apprentissages entre un père et son fils, dans les environs de Montréal.
Mots & photos : Nicholas Spooner
L’aventure commence bien souvent par une pause. Cette fois, c’était l’une de celles où la pluie tambourinait sur le toit du garage, remplissant l’air d’une énergie fébrile. Mon père et moi étions côte à côte, regardant la grisaille, notre équipement éparpillé partout autour de nous, son nouveau Taïga posé à proximité — prêt, mais patient.
Débutant dans l'univers du bikepacking, on avait passé la matinée à batailler avec un enchevêtrement de sangles et de zipper, à faire et refaire nos sacoches pour trouver le bon équilibre entre le poids et l’accessibilité. Notre setup était loin de l’efficacité épurée des cyclistes expérimentés, mais ça n’avait aucune importance. Chaque ajustement, chaque essai-erreur faisait partie de l’apprentissage.
Notre plan était simple : une boucle de 90 km avec une nuit dehors, en partant de chez nous et en y revenant. Le parcours combinait traversées en traversier, pistes cyclables, singletracks et une pause dans un parc provincial. Ce n’était pas l’une de ces aventures épiques qu’on lit sur le site Bikepacking.com, mais c’était assez ambitieux pour nous pousser un peu, tester notre équipement, et éveiller ce sentiment d’aventure.
Quand la pluie a enfin cessé, on a enfourché nos vélos avec fébrilité. Le bruit des pneus sur le gravier mouillé a peu à peu remplacé le vacarme de la ville alors qu’on quittait Montréal. Rapidement, le décor urbain a laissé place aux bois denses et détrempés de l’Île Bizard. Ces sentiers familiers offraient une pause bienvenue du bitume, les arbres vibrant encore de l’énergie laissée par la tempête.


Alors que nous étions sur le traversier vers Laval, de sombres nuages se sont amoncelés au-dessus de nos têtes, laissant penser que la pluie n’en avait pas fini avec nous. Le fleuve frémissait sous la brise. De l’autre côté, la piste cyclable est devenue notre fil conducteur : un ruban lisse d’asphalte serpentant à travers des quartiers tranquilles, des terres agricoles ouvertes et des portions boisées à l’ombre. Cette voie, faisant partie du réseau de la Route Verte, était bien entretenue et un vrai plaisir à rouler — ses courbes douces et ses légers dénivelés offraient un rythme parfait pour la traversée.
La pluie est revenue par intermittence, nous forçant à nous abriter sous des ponts et viaducs — des pauses bien appréciées. Chaque arrêt nous rappelait à quel point la météo dicte le rythme d'une sortie à vélo.
Le terrain de camping du parc national d’Oka nous a offert un peu de répit. Du moins, c’est ce qu’il aurait dû faire. Mon père, dans un élan d’optimisme — ou peut-être dans un total déni — avait oublié d’apporter un pantalon. Les moustiques ne se sont pas fait prier pour en profiter pleinement. Entre les coups, les démangeaisons et les éclats de rire, je ne pouvais m’empêcher de penser à quel point les petits oublis sur les courtes aventures peuvent vite devenir de véritables tracas sur les longues. S’il fallait une leçon pour rappeler que les sorties locales sont l’endroit idéal pour peaufiner son équipement, c’était bien celle-là.
Le matin était calme et clair. Nous avons préparé du café sur la plage, savourant la tranquillité avant de partir. Les sentiers étaient vides, à l'exception de quelques cerfs qui s'éloignaient au bruit de nos pneus. Nous avons continué sur la piste cyclable depuis le parc d'Oka, traversant des quartiers et des villes, en direction du traversier. La sortie était facile, le rythme fluide alors que nous traversions l'Hudson dans une brume légère. Le trajet du retour à travers Vaudreuil et l’Île Perrot apportait une satisfaction tranquille, ce sentiment que notre boucle touchait à sa fin.
Le Taïga a tout géré avec facilité — gravier, boue, asphalte lisse et tout ce qui se trouve entre les deux. Mais ce n'était pas seulement un test d'équipement ; c'était un rappel que l'aventure n'a pas besoin d’être spectaculaire pour avoir un impact. Parfois, c'est aussi simple qu'un père et son fils, deux vélos, et une boucle qui commence et finit à la maison. Nous sommes rentrés chez nous, la tête pleine d’idées pour notre prochaine sortie.