Leçons sur la Silk Road Mountain Race 2024

Durant l'été 2024, notre ambassadrice Marie-Pierre Savard a participé à la Silk Road Mountain Race, considérée comme l'une des courses d'ultra-distance les plus difficiles au monde. Retour sur son expérience!

Mots & photos : Marie-Pierre Savard

En août 2024, j’ai décidé de me lancer dans l’aventure de la Silk Road Mountain Race, une course de près de 2000 kilomètres de vélo de montagne au Kirghizistan. Considéré comme un des événements d’ultra cyclisme les plus difficiles au monde, c’était aussi pour moi la première fois que je me lançais dans une course du genre… En fait, mis à part la Big Red et le Log Driver's Waltz au Québec, je n’avais pas fait grand-chose de chronométré auparavant ! Mais ayant déjà roulé quelques longues distances et vécu de nombreuses aventures de bikepacking solo en milieux éloignés, je savais que j’avais la persévérance pour accomplir un un tel défi, ayant d’ailleurs pédalé dans ce pays en 2011.

Évidemment, ça n'a pas été facile, mais ça m’a permis d’apprendre tellement de choses sur moi et sur ce qu’est une aventure en mode course… Voici quelques leçons apprises de cette aventure, extrême mais incroyable !

Profiter du moment présent, mais pas trop

Pour réussir officiellement l’édition 2024 de la SRMR, il fallait rouler les 1940 kilomètres en moins de 15 jours. Divisée en 4 étapes chronométrées, je suis fière de dire que, en abandonnant 160 kilomètres avant la ligne d’arrivée, j’ai pu en franchir trois des quatre dans les temps ! J’ai vécu la course le plus possible dans le moment présent et cet état d’esprit m’a permis de me rendre assez loin dans l’aventure, grâce à une certaine naïveté !

Mais ce fameux moment présent m’a aussi nui, car j’ai rapidement perdu de vue la globalité du défi, avec les délais à respecter et les difficultés à venir. Ce n’était pas une surprise, la dernière étape était la plus difficile (mais la plus courte en termes de temps alloué), j’aurais donc dû planifier beaucoup plus de temps pour la faire. J’ai donc frappé un mur, au jour 14, quand j’ai réalisé que c’était mathématiquement impossible pour moi de terminer dans les temps.

Si c’était à refaire, je me permettrais de me projeter en avant et de me voir sur la ligne d’arrivée. Je garderai cette image en tête, au lieu de me répéter de ne pas me faire de faux espoirs ! Je planifiais aussi l’entièreté de ma course et ma stratégie sur 14 jours et non 15. En enlevant le dernier 24 heures ça laisse une bonne marge de manœuvre en cours de route, et une arrivée avec une certaine avance dans les premiers checkpoints. Mais ce n’est pas toujours si facile à faire qu’à dire !

Manger, le plus possible

Sur la SRMR, m’alimenter adéquatement et suffisamment a été difficile. Avec peu de points de ravitaillement en cours de route et parce que ce ne sont pas des dépanneurs occidentaux tel que l’on connaît, mes quelques repères nutritionnels ont été bousculés.

Ajoutez à cela, la fatigue, l’altitude, le climat difficile, qui ne m’aident pas à avoir de l’appétit, j’aurai finalement perdu 10 kilos durant ces deux semaines à vélo. Ouf ! Cette malnutrition aura aussi, en partie, causé mon abandon de la course : à la fin, je n’avais tout simplement plus de force et d’énergie pour avancer.

J’aurais vraiment aimé suivre un plan nutritionnel plus précis, avec des quantités minimales à ingérer et une liste de super aliments et repas faciles à trouver localement. Avec la barrière de la langue, c’était parfois difficile de savoir ce qu’il y avait derrière les comptoirs des petits magasins mystérieux, autres que les classiques Snickers, Ramens et Coca-Cola. Mais ces négligences m’ont énormément appris sur l’importance de la nutrition dans toute forme de voyage sportif.

Et une autre leçon transmise par mon estomac : Quand c’est possible, ne pas abandonner le ventre vide ! Prendre un bon repas avant de prendre une décision importante, car c’est un temps d’arrêt qui permet de voir plus clair sur une situation et de faire le plein d’énergie. ça ne changera peut-être pas la décision, mais le moral risque d’être meilleur !


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Des vêtements chauds et imperméables sont réellement nécessaires

Dans ma préparation, une de mes peurs était d’avoir froid durant la course. Officiellement, on demande d’être équipés pour des températures entre -10 c et +40 c, et vu ma crainte, j’ai décidé d’appliquer ce conseil à la lettre. Cela m’a bien servi, car contrairement à plusieurs autres, je n’ai jamais frôlé l’hypothermie ou eu trop froid. Je pense aussi que mon expérience en vélo d’hiver et ma tolérance au froid québécois m’ont aidé, mais apporter des vêtements imperméables et respirants (manteau, pantalons, mitaines, chaussettes) ainsi qu’un ensemble de la tête au pied en mérinos a été payant. Même si ça prend une place considérable, c’était une tranquillité d’esprit de savoir qu’à moins de conditions extrêmes, j’allais être relativement au sec et au “chaud” en tout temps.

Arriver bien avant et repartir plus tôt que tard

Pour ce projet, j’ai eu la chance de passer 4 semaines au Kirghizistan, que j’ai réparti ainsi : 1 semaine pré-course, 2 semaines pour la SRMR et 1 semaine post-course.

Cependant, j’aurais plutôt aimé y être deux semaines avant la course et non une. Apprivoiser le pays, faire une bonne acclimatation en altitude et s’assurer que son équipement et sa personne sont au sommet de leur forme nécessitent plus de temps. Ça laisse aussi une marge de manœuvre en cas de pépin ou bagage non livré, par exemple.

Et après la course, j’ai trouvé la semaine longue… J’étais fatiguée et un peu déprimée, je n’avais donc pas trop envie de jouer à la touriste ! J’en ai cependant profité pour manger et découvrir de bonnes spécialités locales, ce qui m’a redonné le sourire !

Voilà ! En espérant que ce partage d’expérience fasse œuvre utile dans une préparation à un évènement d’ultracyclisme ou une visite dans ce pays, qui mérite d’ailleurs qu’on y passe plus de temps qu’en coup de vent.

Envie de découvrir le Kirghizstan à vélo, mais de façon moins extrême ?

Cette boucle inspirée de la Silk Road Mountain Race 2024 est une alternative plus courte et moins accidentée : https://ridewithgps.com/routes/50157660