Arundo - Une expédition à travers les sentiers forestiers du Québec

En avril 2024, Charly Dupasquier s'est lancée dans une expédition à travers le Québec, en suivant principalement le tracé de la Quebec Bikepacking Traverse. 2000 km de sentiers forestiers et de chemins de gravel dans l'objectif de sensibiliser le public autour de la maladie auto-immune dont elle est atteinte, mais aussi pour en apprendre plus sur notre territoire.


Texte : Charly Dupasquier
Crédits photo : Richard Mardens & Charlène Dupasquier

Le 23 avril 2024, je quittais Ottawa avec mon conjoint Tony et mon ami réalisateur vidéaste Richard Mardens, sur nos vélos Panoramas équipés à toute épreuve pour un mois ou plus. L’objectif ? Me rendre à Percé par les chemins forestiers, les sentiers non asphaltés, traversant plusieurs réserves fauniques, parcs régionaux, Sépaq et ZEC, en majeur partie sur la Québec Bikepacking Traverse. Mais cette expédition est en fait bien plus qu’une traversée du Québec à vélo. C’est une quête de résilience. Car je pars un bagage de plus…une maladie auto-immune de douleurs chroniques du nom de Spondylarthrite axiale, diagnostiqué il y a 3 ans. Ma véritable mission ? Sensibiliser le grand public à cette maladie qui touchent des milliers de personnes, lancer une grande collecte de dons pour l’Association Canadienne de Spondylarthrite afin d’aider les personnes atteintes et les inspirer au mouvement sportif et au cyclisme, réaliser un film documentaire mais surtout, faire la paix avec cette fichue maladie qui m’a stoppé plusieurs années.

Nous avons parcouru environ 2 000 km et grimper 19 600 m de dénivelé positif à travers le Québec sauvage, ses forêts boréales, rivières, lacs et montagnes, pour se reconnecter à la nature, à soi, et montrer que le mouvement et le plein air sont des remèdes puissants pour lutter contre ces maladies. Nous savions que les terrains à affronter seraient beaux mais difficiles, boueux, rocailleux, sablonneux, jonchés de trous et de racines, et de temps à autre un peu d’asphalte pour rallier les tronçons entre eux. Mon conjoint et moi avons donc choisi le nouveau Taïga EXP pour sa configuration, sa robustesse et sa polyvalence. Nous avons tous deux préféré une fourche sans suspension, afin d’avoir le moins de mécanique à possiblement réparer. Richard s’est tourné sur le Taïga avec fourche à suspension. Nous ne regrettons pas notre choix ! C’est tout bonnement incroyable de voir à quel point nous pouvons avoir confiance en nos montures dans des dédales de sentiers chaotiques, des descentes sur des blocs de roches ou encore des sentiers détrempés. Le Taïga EXP passe partout avec une aisance déconcertante ! Le cadre avec sa géométrie confortable et le guidon recourbé me permettent d’adapter ma position tout au long de la journée. Ce qui est salvateur pour ma colonne vertébrale. Un vélo parfait pour l’aventure hors des sentiers battus!

Ce fut une aventure dans tous les sens du terme. Une aventure physique sur des sentiers de bois et de montagne très divers; une aventure humaine où la partage, l’entraide et la rencontre furent incroyablement riches; et une aventure spirituelle menant à des apprentissages et des introspections inspirantes et transformatrices. De l’adaptation et de la créativité il y en a eu ! Entre la traversée de rivière à gué pour cause de pont détruit, la rencontre d’ours un peu téméraires, la météo printanière et l’état des sentiers qui nous a joué des tours… À deux reprises, des sentiers non praticables dans l’arrière-pays des Laurentides et la neige épaisse au sommet des portes du Parc de la Gaspésie, nous ont obligés à changer notre itinéraire sur un dix cents, pour s’adapter au territoire de l’entre-deux saisons. Mais quelle découverte ! Notre territoire est si riche et si beau, que ces détours n’ont fait que nous enraciner encore plus à lui, avec émerveillement. Nous avons vécu des moments intimes avec la faune sauvage, entre autres les orignaux et les ours, particulièrement dans la réserve de Matane. Et que dire d’avoir grimper la Gaspésie, ces montagnes où vit une des populations des Caribous des bois, en danger d’extinction. Un milieu si puissant et fragile à la fois !

Après une éreintante et dure première semaine à travers le parc de la Gatineau et la réserve Papineau-Label, doutant de mes capacités, la transformation a touché même mon état d’esprit. Enfermée dans la douleur et les idées noires, rien ne garantissait la réussite de mon entreprise. Pourtant, chaque jour, je repoussais des limites que je croyais atteintes le soir même, et je recommençais le lendemain. Le dénivelé s’accentuait mais j’étais là et je pédalais, au fur et à mesure de l’aventure, des rencontres et des paysages qui défilaient. Au milieu de l’expédition, nous vivions une des soirées les plus magiques de mon existence, sous les lumières dansantes et presque surréalistes des aurores boréales de toutes les couleurs du 10 mai 2024. Je réalisais que j’étais en train de vivre une aventure précieuse et incroyable et que j’avais beaucoup de chance de me permettre ce projet de cœur, de vivre sur mon vélo à travers une province sublime, accompagnées de gens que j’aime et en qui je peux compter. À ce moment-là, chaque grimpette, chaque montagne, chaque flaque de boue me rendait ma liberté, mon essence, et les obstacles disparaissaient. Comme dit mon ami Richard qui pédalait à nos côtés caméra à la main, il faut prendre le sentier comme il vient et la météo aussi ! Un beau lâcher-prise.

Pour connecter avec notre territoire il faut l’explorer, le parcourir et il en va de même avec soi-même. Cette expédition à vélo m’a permis de faire la paix avec ma maladie qui en fait est loin d’être un frein à mes passions sportives, à l’aventure et aux projets fous que je compte encore réaliser. Et le vélo d’aventure est une alternative parfaite pour des gens atteints de ces maladies-là.

À partir du moment où on s’adapte, à notre rythme et qu’on adopte le bon état d’esprit, tout est possible. À chacun son Everest après tout ! Nous avons atteint Percé le 23 mai 2024, après 30 jours de bikepacking rocambolesque, remplie d’anecdotes, de pleures et de rires, de complicité, de félicité et de fierté. La campagne de dons est un succès, et continue encore aujourd’hui, mon pèlerinage également. Et ce n’est certainement pas la dernière aventure sur mon Taïga EXP qui me fera rouler à travers les montagnes du monde entier ! Chaque expédition nous transforme, nous fait grandir. L’histoire est longue à partager ! Bientôt, une tournée de conférences et un court métrage documentaire sur cette aventure verront le jour. Ce sera la meilleure façon de vous faire vivre l’aventure Arundo dans toutes ces émotions et découvertes !


Pour suivre les aventures de Charly : @charly.d.adventure

https://arundo.ca/

Crédits photo : Richard Mardens & Charlène Dupasquier